Pouvez-vous me parler de votre parcours?

Je suis née en Picardie, et je chine depuis mon adolescence. J’ai travaillé dans l’art contemporain pendant 10 ans.

Quand avez-vous commencé à vous intéresser à la mode ?

On est tous influencés par la mode, mais je ne m’intéresse pas plus à la mode qu’à l’art, à la musique ou l’architecture. Je ne suis pas une spécialiste en style et ne cherche pas le devenir. J’essaie de rester très intuitive et de faire confiance à mon instinct. A Monopole l’idée est de proposer une sélection de vêtements dont le but est d’abord d’embellir les femmes qui les porteront.

Comment vous est venue l'envie de lancer votre boutique ?

En réalité, j’ai toujours eu une réelle envie d’habiller les gens. C’est un vrai plaisir d’acheter une belle pièce, même en sachant que je ne la porterai jamais parce que je ne suis pas roulée pour. Ça enlève pas mal de frustrations ! Ça permet de sublimer ses trouvailles… Je pense à des gabarits différents du mien. J’ai autour de moi beaucoup de jeunes femmes qui ont un potentiel  incroyable de séduction et qui par faute de temps ou de moyens le négligent complètement.

Pourquoi avez-vous appelé votre boutique Monopole ?

Ce nom a évidemment une connotation politique, c’est ironique vis à vis de la société de consommation, qui nous vend les mêmes vêtements partout : en Europe, on retrouve les mêmes boutiques dans toutes les capitales ! Alors que pour le prix d’un manteau "bon marché" et donc de qualité souvent douteuse vous pouvez acquérir une pièce de très bonne qualité made in France, des chaussures fabriquées en Italie… Même si le vêtement a déjà été porté ça vaut vraiment la peine. C’est une alternative au monopole des grandes enseignes.

Comment choisissez-vous les vêtements ?

Quand je vois un vêtement qui m’attire, mon premier geste est de regarder l’étiquette. Pas pour regarder la marque mais plutôt pour vérifier la composition : j’attache une grande importance aux matériaux utilisés et au lieu de confection.

N’est-ce pas un peu difficile de se limiter à une sélection aussi précise ?

Si, évidemment. Ça m’oblige à ne pas sélectionner des vêtements qui peuvent me plaire à première vue et qui se vendraient sûrement. C’est entre autre ce qui justifie le prix – un peu plus cher que ce qui se trouve sur le marché du vintage. Mais je fais quelques exceptions, quand je tombe sur une pièce incroyable pour sa coupe, sa couleur ou son originalité, même si elle ne répond pas à 100% à mes critères.

Votre conception du vintage ?

Je préfère le terme « preloved » qui est plus ouvert et me permet de ne pas restreindre mes choix à une époque prédéfinie. Ce qui m’intéresse, et ça dépasse de loin la mode du vintage d’aujourd’hui, ce n’est pas de posséder, de garder dans mon placard des vêtements, mais de les sauver de la disparition, de mettre en valeur leur rareté et leur côté précieux.

Que prévoyez-vous pour vos prochaines sélections?

Mes sélections sont vraiment le fruit du hasard et de mes voyages. Je ne peux pas prévoir les rencontres… 


Quelles sont vos pièces préférées parmi votre sélection actuelle ?

Les escarpins Saint Laurent rouges et blancs, pour leur côté décalé. J'aime beaucoup aussi le kimono imprimé  C’est typiquement le genre de vêtements que je cherche: intemporels et élégants, chics et facile à porter mais non conventionnels. Qui porte en eux toute la modernité de leur époque…